Notes de veille (2)

La longue descente en enfer de Tumblr

De toutes les plateformes nées dans les années 2010, Tumblr est certainement celle qui m’a personnellement le plus plu. Mais depuis son rachat par Automattic (la maison mère de WordPress), elle n’a jamais retrouvé un troisième souffle après le rachat et les décisions catastrophiques de l’ère Yahoo. En termes de contenus, c’était quelque chose, surtout d’un point de vue visuel.

Tumblr se meurt ou du moins ses capacités d’investissement sont réduites dixit le magazine Wirend, autant dire que ça sent le sapin pour cette plateforme. Il y était question, à un moment donné, qu’elle soit intégrée au Fediverse via ActivityPub… L’annonce avait été faite il y a un an et je me demande ce qu’il en est aujourd’hui. Apparemment, ce n’est plus une priorité.

Avez-vous été un CLODO ?

Back dans les années 80, à Toulouse.

Le CLODO est l’acronyme de Comité pour la liquidation ou la destruction des ordinateurs. Des néo-luddistes des temps modernes d’obédience anarchiste, leur but était la destruction de moyens informatiques qu’ils considéraient comme des instruments de répression et de contrôle. S’en suivirent une série d’attaques incendiaires contre des entreprises informatiques dans la région toulousaine.

Cette épopée ne dura qu’un temps, ne fit aucune victime et aucun.e des membres ne furent attrapé.e.s donc encore aujourd’hui, nous ne savons pas qui se cachait derrière le Clodo. Le regard que l’on porte aujourd’hui envers cette mouvance est donc plus amical qu’envers d’autres collectifs réactionnaires, voire fascistes.

Le Clodo fait aujourd’hui l’objet d’un documentaire, visible sur YouTube, en anglais (avec sous-titres en français), intitulé Machines in Flames.

Une chaîne de distribution vire ses caisses automatiques

Dans le nord de l’Angleterre, Booths, une petite chaîne qui vend des produits alimentaires depuis 1847, a décidé de remettre l’humain au centre de ses préoccupations. Il existe deux catégories de client : celleux qui utilisent les caisses automatiques et d’autres qui préfèrent le contact humain des caissières. L’article du New York Times explique qu’à l’heure de l’automatisation et de la data à tout prix, l’initiative de cette entreprise de virer ses caisses automatiques peut sembler contre-productive, mais en réalité, c’est l’inverse qui se produit, les client.e.s sont plutôt content.e.s de privilégier le passage en caisse avec des humains.

En vrai, l’expérience utilisateur de ces caisses automatiques s’avère être un cauchemar. Entre la boîte de spaghetti non reconnue ou la courgette non listée, le gain de temps supposé n’existe pas. Le bon sens a donc prévalu chez ce distributeur.

L’IA réintroduit l’esclavage

Il n’existe pas un jour qui ne mette pas en avant les dérives autour de l’IA.

Comme la plupart des jeunes de son âge, Hassan, 15 ans, passait beaucoup de temps en ligne. Avant la pandémie, il aimait jouer au football avec les enfants de sa ville natale de Burewala, dans la région du Punjab, au Pakistan. Mais confinements successifs ont fait de lui une sorte de reclus, attaché à son téléphone portable. « Je ne sortais de ma chambre que lorsque je devais manger quelque chose », explique Hassan, aujourd’hui âgé de 18 ans, qui a demandé à être identifié sous un pseudonyme par crainte de poursuites judiciaires. Mais contrairement à la plupart des adolescents, il ne faisait pas défiler TikTok ou ne jouait pas à des jeux vidéo. Depuis sa chambre d’enfant, le lycéen travaillait dans la chaîne d’approvisionnement mondiale de l’intelligence artificielle, téléchargeant et étiquetant des données pour former des algorithmes de certaines grandes entreprises d’IA.

Payé à 1 ou 2 dollars de l’heure, pour certains travailleurs des pays pauvres, c’est une manne financière. Comme au Kenya, l’exploitation des êtres humains pour entraîner des modèles de langage écocidaires est à l’œuvre, sauf que là; il s’agit d’enfants qui peuvent être confrontés à des contenus traumatisants.

Il ne s’agit plus ici de réguler l’IA mais d’empêcher littéralement son développement comme je l’expliquais dans le dernier numéro de Futuromium.

Traquer en ligne la violence policière

Police Violence Report est une analyse animée et visuelle des quelques milliers de personnes tuées par la police depuis 2013 aux Etats-Unis. Le projet s’est appuyé sur les données collectées par Mapping Police Violence et sur l’analyse de Sam Singyangwe et de l’équipe de We, The Protestors.

Ces animations statistiques font froid dans le dos. En 2022, 1201 personnes ont été tuées par la police. Et à peine 1% des policiers ont été incriminés.

Et malheureusement, la tendance pour 2023 est la même.