Bienvenue dans ce premier hors-série !
Depuis quelques années, la prospective s’est emparée à nouveau de la science-fiction pour explorer des futurs possibles et s’en servir pour élaborer des scénarios.
Au sommaire de ce numéro :
- Contourner la vieillesse en restant jeune et immortel
- On élimine d’une façon ou d’une autre le problème
- Speculative design : My Body (en 2050, comment soignerons-nous les séniors ?)
Dans ce contexte, j’ai été amenée, ces dernières années, à me pencher sur la question de l’avenir de la monnaie ou de la place des seniors demain. Cette dernière étude m’a particulièrement intéressée car elle m’a permis de mieux appréhender le futur des seniors, mais surtout comment on traitait nos aîné.e.s dans les différents courants de l’imaginaire. C’est en fait assez paradoxal, que ce soit au cinéma ou en littérature, la question est rapidement évacuée par un artifice artistique, scénaristique ou littéraire. La vieillesse est rarement envisagée comme un bienfait pour l’humanité, mais plutôt comme une charge ou un handicap dont il faut rapidement se débarrasser.
Et cette lecture est d’autant plus intéressante, dès qu’il s’agit d’étudier la place des femmes âgées. Elles acquièrent toutes un super-pouvoir : l’invisibilité. Les romans des autrices, Suzanne Collins et Stephenie Meyers, The Hunger Games et Twilight, ont été vivement critiquées pour cet oubli fâcheux. Et en fantasy, le traitement n’est pas meilleur, elles sont cantonnées à trois sous-rôles : la grand-mère attentionnée bonne fée, la sorcière maléfique ou la vieille sage. Il y a bien sûr des exceptions mais elles sont rares.On peut, par exemple, lire le roman non traduit en français de Robert A. Heinlein, The Rolling Stones, dans lequel une des héroïnes, Hazel Stone, ingénieur, férue de blackjack s’emporte facilement contre la misogynie de son environnement, tout en étant une grand-mère attentive.
Traiter la vieillesse ne va donc pas de soi dans les fictions imaginaires… La peur de la mort imprègne nos auteurices, d’une façon ou d’une autre.
Bonne lecture (en ces temps de confinement) !
— Dominique
Rester jeune et immortel, la SF ne s’embarrasse guère de la vieillesse
Dans Time Out d’Andrew Niccol, le temps c’est de l’argent. Génétiquement modifié.e.s, les femmes et les hommes ne vieillissent plus à partir de 25 ans et pour survivre, ils doivent gagner du temps. S’ensuit une société fortement inégalitaire où les plus riches sont immortels et les plus pauvres meurent faute de temps.
L’immortalité est une des sujets les mieux traités en SF mais rares sont les bons romans qui traitent ce sujet avec une vraie vision sociétale et politique de ce que pourrait advenir l’humanité si, un jour, elle se soustrayait à sa mortalité. Le roman, désormais un classique, Le Règne des Immortels de la trop discrète mais incontournable Pamela Sargent répond à cette question d’une manière assez magistrale.
Et souvenons-nous du cycle de Mars de Kim Stanley Robinson, où suite à des découvertes scientifiques, permettant d’allonger l’espérance de vie de 250 ans et plus, il décrit la vie des « 100 premiers » et l’influence qu’ils ont (ou pas) sur la planète au fil du temps.
La vieillesse, on l’élimine d’une façon ou d’une autre
Ce fut d’abord un film, avant de devenir une série. Qui se souvient encore de L’âge de cristal ? Le film de Michael Anderson se déroule dans une société post-apocalyptique où les humains vivent dans des cités bulles. Leur vie est, gérée par des automates et des ordinateurs, est plutôt agréable. Mais pour éviter la surpopulation et gérer en conséquence les ressources alimentaires, la vie des habitants est limitée à 30 ans, âge auquel chacun.e est invité.e à participer à une cérémonie « Le carrousel », où, sous couvert de renaissance, le corps est purement et simplement désintégré.
Parfois, il suffit d’une course mortelle pour se débarrasser de nos seniors… d’une manière plutôt brutale (âmes sensibles s’abstenir). Ainsi dans La course à la mort de l’an 2000, on imagine l’engouement pour les spectacles de télé-réalité jusqu’à leur extrême barbarie. Ici, on pousse les personnes âgées en chaise roulante au milieu de la route pour qu’elles se fassent écraser.
Speculative design : My Body (en 2050, comment soignerons-nous les séniors ?)
« My Body » A Design Fiction on the Future of Retirement in 2050 from IxD.ma on Vimeo.